dimanche 2 février 2014

une nouvelle affaire Dreyfus ?

Les braises de "L'Affaire" sont encore brûlantes, chaque nouveau rebondissement vient en raviver les flammes, et pour longtemps malgré les efforts du sinistre de l'intérieur pour contenir l'incendie ! Ce qui n'était qu'une polémique mineure circonscrite au petit monde des arts du spectacle est devenu, grâce aux efforts conjugués du Crijf, de la Licra, de la Presse "progressiste" et d'un sinistre en quête d'une stature présidentielle, une véritable "Affaire d'Etat" qui a révélé les profondes fractures de ce pays et des blessures jusque là silencieuses. 
Un impensé raciste porté par la gauche "progressiste"
Pour ceux et celles qui ignoraient encore le nom de famille de l'humoriste le plus controversé de France, la presse et les chaînes télévisées se sont chargées de rappeler la teneur exotique de son patronyme, dans la digne tradition des délateurs d’extrême droite ; j'avais déjà noté chez les internationaux lettristes ce penchant douteux pour la publicité des noms de famille des camarades congédies (" Isidore Isou alias jean Isidore Goldstein, Maurice Lemaître alias Moïse Bismuth..."). Le Signifiant "M'Ballah, M'ballah", repris et répété obsessionnellement, vient comme une condamnation et une exclusion : décidément celui-ci n'en est pas ! de cette république idéale qui derrière l'abstraction de ses grands principes généreux finit par vomir son fondement ethnique : horde de "petits blancs" éructant sur les plateaux Tv contre le "nègre marron" Dieudonné... Sont-ce donc les sketchs polémiques qui sont ici condamnés ou la couleur d'un "nègre" turbulent renvoyé à des origines lointaines, banni de la respectabilité républicaine ? L’humoriste n'est pas le seul à faire les frais de ce racisme bon teint qui désormais, forcé par "l'affaire" s'affiche, décomplexé et menaçant, à visage découvert : le public qui se rend massivement aux spectacles de Dieudonné est présenté comme une cinquième colonne d’extrémistes "néo-fascistes", "rouges, verts et bruns" ; est ici visé directement le public issu des classes populaires, de ces banlieues qui hier encore suscitaient compassion et empathie et qui aujourd'hui sont désignées comme un vivier de fanatiques prêts à mettre en péril l'ordre républicain, tout cela n'était donc que farces et attrapes ! Merci, depuis l'imposture SOS racisme, les principaux concernés avaient bien compris ce qu'il était de cette compassion quelque peu méprisante... Cette France de la "diversité black, blanc, beur" autrefois célébrée se retrouve sur les bancs des prévenus, comme sous la droite, comme d'habitude, comme toujours, accusée de préparer les pires retours aux "heures les plus sombres de notre histoire" par leurs "amis" d'hier : le "safari" odieux mené contre Dieudonné largement relayé par Le Nouvel Obs, Le Huffington Post, Le Monde, Bfm tv et le service public n'étant pas ne reste dans cette affaire sordide, a montré à quel point une France toute en "blancheur" n'avait certainement pas rompu avec les pratiques de l'époque coloniale (la référence à Jules Ferry, les postures paternalistes et autoritaires de Vals, Peillon, tout cela a des relents zombiesques de troisième république) même s'il a fallu in extremis demander à quelques "indigènes" de prêter main forte (la grande mosquée, peu qualifiée en matière d'humour, s'exprimant sur la sulfureuse quenelle, Madame Taubira dénonçant ceux qui rient aux facéties de Dieudonné comme autant des complices "après coup, de crimes contre l'humanité" - !!! -) à ce lynchage afin que le communautarisme très à droite et pas très adroit (BHL, grossiste en baratins et en guerres humanitaires, parlant des spectacles de Dieudonné comme autant de "meetings nazis" !!!) de cette opération ne finisse par devenir manifeste comme ici :
"Le défi que nous posent tous les Dieudonnés réside dans notre capacité à en comprendre la finalité autant que la stratégie. Ne pas percevoir l'enjeu de cette imposture consiste à reconduire le dénigrement stalinien face à la lucidité d'Orwell, Koestler ou Camus. Ne pas comprendre que ce sont nos libertés qui sont visées à travers Israël, consiste à reconduire le même aveuglement devant les vertus pacifiques d'Hitler. Ne pas comprendre que c'est l'identité européenne qui est visée à travers les juifs, consiste à reconduire l'esprit de Munich. Plus loin à l'Est dans ce fond de Méditerranée, la ligne de front qui nous protège se nomme Israël, seul Etat membre de l'ONU menacé ouvertement de destruction par un autre Etat membre de l'ONU. Qui massacre qui au Proche Orient ou dans le monde arabe aujourd'hui ?
Michèle Tribala, Pascal Bruckner, Richard Prasquier, Jacques Tornero, De quoi Dieudonné est-il le nom ? in Huffington Post 03/01/2014  
http://www.huffingtonpost.fr/michele-tribalat/dieudonne-antisemitisme-quenelle_b_4536187.html

Une gauche institutionnelle en guerre contre les classes populaires
Il s'est trouvé trop peu de voix à gauche pour dénoncer dans l'opération lancée par Monsieur Vals les risques d'une rupture irrémédiable entre les catégories les plus défavorisées de ce pays, notamment la jeunesse des "zones sensibles", et  une gauche politique qui prétend pourtant les défendre et les représenter ; beaucoup des jeunes qui composent en effet le public de l'humoriste peuvent se découvrir une communauté de destin avec l'artiste, chassé, exclu, banni de la cours et du Royaume de France par des aristocrates sourcilleux, attachés à la défense de leurs privilèges et peu à l'écoute des doléances légitimes d'un peuple qui périodiquement fait entendre sa colère. La gauche a montré dans cette affaire un visage finalement attendu qui permet de dissiper et d'expliquer bien des paradoxes et des quiproquos ; elle est apparue sous les traits peu ragoûtants de bons bourgeois, gérant un patrimoine de places, de rentes et de carrières, soucieux avant tout de garantir l'ordre et la sécurité (voir les dernières déclarations de Robert Badinter), à travers des dispositions essentiellement répressives (surveiller, punir, interdire, poursuivre en justice) avec un regard compatissant et méprisant pour les soubresauts venus des marges les plus éloignées de leur petit confort. Les propos de Manuel Vals sur les jeunes tentés par le Djihad en Syrie ou ailleurs, prolongent et approfondissent cette mise en soupçon et en accusation d'une jeunesse en galère qui sait désormais à quoi s'en tenir et nourrit avec raison une défiance grandissante à l'encontre d'un catéchisme républicain qui s'accommode fort bien de sa misère. Cette France qui se porte bien s'inquiète et a peur de sa jeunesse qui dans le plus grand chaos commence à se mobiliser sous les mots d'ordre les plus aberrants (voir la manifestation récente dite "Jour de colère"), elle bouscule et démasque les poseurs et les imposteurs, perturbe le jeu politique et ses clivages traditionnels ; chercher ici un affrontement droite/gauche relèverait d'un contre-sens complet, c'est bien plutôt à une opposition insiders/outsiders que nous assistons, dont certains aspects déjà observés dans l'histoire ne peuvent dissimuler l'étonnante nouveauté des convergences créées, susceptibles de  prolongements inattendus, voire révolutionnaires : la présence de jeunes à "capuches" aux côtés de militants plutôt identifiés à l’extrême droite oblige la gauche institutionnelle à jeter bas les masques et à jouer cartes sur table : les appels à l'union sacrée des républicains lancés par sinistre de l'intérieur visent moins à défendre un bien commun qu'un mythe au service d'une caste aveugle et sourde aux cris des "dieudamnés" et autres déclassés de son meilleur des mondes. On reste confondu par une telle inconscience : "Lorsque Dieudonné prétend s’attaquer au «système», c’est précisément la république et la démocratie, notre bien commun, qui sont agressées car son objectif est de provoquer le plus grand trouble possible dans le corps social" (Cindy Léonie Dieudonné multirécidiviste, in Libération du 3 janvier 2014, http://nosnondits.wordpress.com/2014/01/03/dieudonne multirecidiviste/). Quoi de commun Princesse Cindy entre le comité éditorial de Libération et les jeunes désoeuvrés qui végètent dans des quartiers de haute relégation où cette "république" les somme de rester tout en pleurant sur cet insupportable "plafond de verre" qui les maintient dans leur condition de subalternes ? Qu'ils se hasardent à prétendre en sortir, ne serait-ce que par l'humour, pour respirer le grand air de cette généreuse république, et les voilà désigner comme le Grand Danger, l'ennemi intérieur, la "bête" qu'il faut éradiquer et qui justifie toutes les mesures d'exception et toutes les dérives autoritaires :
" Il est heureux que les plus hautes autorités de l’Etat aient tout de même fini par prendre la mesure du danger que représente le néo-nazi Dieudonné. Cela fait une dizaine d’années maintenant que celui-ci attise la haine contre les Juifs, faisant les délices de l’extrême droite traditionnelle – celle qui va du Front national jusqu’aux groupuscules les plus obscurs de l’ultra-droite la plus radicale –, racolant chez les jeunes, entraînant dans son sillage des hordes de frustrés incultes qui se prennent pour des rebelles. Internet aidant, des dizaines de milliers de nouveaux SA et SS virtuels parsèment dorénavant le territoire français" in LA règle du Jeu, Bernard Schalsca C'est à la france entière de condamner et d'isoler l'antisémite Dieudonné,http://laregledujeu.org/schalscha/2014/01/06/c%E2%80%99est-a-la-france-entiere-de-condamner-et-isoler-l%E2%80%99antisemite-dieudonne/ )
Eric Nauleau ne s'y est finalement pas trompé en acceptant de réaliser un débat par mails avec le Président D’Égalité et réconciliation Alain Soral ; au delà de la personnalité controversée de ce dernier, son passage du Pc au Fn, sa relecture d'une gauche non étatiste (Proudhon, Sorel), sa réhabilitation d'un nationalisme révolutionnaire, révèlent un nœud de forces sociales inédit, une nouvelle donne contestataire, qui débordent les partis traditionnels, leurs mots d'ordre, leurs chiens de garde habituels et traversent l'ensemble de la société avec à terme la possible recomposition du paysage politique, intellectuel et social, comme lors de l'affaire Dreyfus qui avait été pour la gauche française un véritable acte fondateur. Au delà de la persécution d’État menée contre l'humoriste Dieudonné, les rappels à l'ordre de plus en plus insistants et policiers d'une gauche néo-conservatrice qui frappe d'abord les classes populaires doivent faire face à la visibilité grandissante d'une dissidence/résistance qui sur le mode du négatif cherche ses mots d'ordre, sa ligne et ses concepts, non sans confusion et non sans risque de récupération par les factions les plus anti-modernes (passage du combat contre un sionisme qui ne dit pas son nom à un antisémitisme "patriote" de type Drumont/Maurras, promotion du communautariste au nom d'une identité "indigène" ). A savoir Égalité et réconciliation et/ou Indigènes de la république... Ces deux organisations se disputent le terrain de la contradiction ( avec un très net avantage pour E&R) face au status quo intenable défendu par la gauche de gouvernement (mais que dire du silence complice des communistes et du NPA qui ont laissé carte blanche au Sinistre de l'intérieur) en attendant une alternative progressiste à ce qui apparaît, chez ces deux organisations, comme une critique et un refus assumé des apports de la modernité, la promotion d'un ordre traditionnel supposé répondre aux attentes et aspirations des outsiders et des indigents de la République. On peut sérieusement en douter.... Prochaine étape : LE SOULÈVEMENT DE LA JEUNESSE !


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