jeudi 27 septembre 2007

POUR EN FINIR AVEC LA CONSPIRATION DU SILENCE : RETOUR D'EXPOSITION

Dans le quasi silence institutionnel, l'exposition organisée par l'institut culturel roumain de Paris et François Poyet fait date et évènement... ne cachons notre plaisir, c'est là l'occasion de prendre acte in situ du travail artistique d'Isou et c'est aussi l'opportunité précieuse de voir un grand nombre de ses toiles (29 !) réunies en un seul lieu. Les oeuvres exposées témoignent de la richesse des directions explorées par l'artiste, capable tout à la fois de réalisations denses, saturées de signes (je pense notamment à la série des Résaux violents de 1975 mais aussi aux 9 toiles qui composent l'ensemble Géographie de 1972) autant que de créations minimales, épurées (la série Polythanasie atomique, de 1974). Cette dernière reproduit la même suite de lettres avec à chaque toile une lettre différente biffée, ce qui rend la toile unique mais en même temps l'inscrit dans une continuité d'ensemble (une destruction lettre par lettre d'un motif lettriste initial qui gagne ainsi à être lu pour chacune des toiles). Frédéric Acquaviva dans le texte d'introduction au catalogue fait remarquer que ce jeu de différence et de répétition reprend dans le cadre de la peinture lettriste la problématique traitée par Monet de manière impressionniste dans sa série de toiles consacrée à la Cathédrale de Rouen ; on peut aussi évoquer de manière plus anecdotique les portraits répétés (avec variation de couleurs) de Warhol dans une perspective néodadaïste. On en saisit d'autant mieux l'irréductible singularité du lettrisme, de ses apports et de ses contributions. Ce qui ressort de fait de manière manifeste, c'est sans doute chez Isou l'importance de créer en adoptant le format de la série plutôt que de s'attacher à des oeuvres ponctuelles mais aussi le travail encore à faire (démesuré !) pour en rassembler toutes les pièces afin de les rendre à leur vérité. L'exposition présente par ailleurs un autre intérêt, sans doute davantage éthique, qui éclaire un aspect non négligeable de la vie du mouvement lettriste ; François Poyet est un artiste pluridisciplinaire, présent et actif dans le groupe lettriste depuis 1966, ce n'est donc pas en tant que Curator, historien ou scientifique qu'il a initié cette manifestation mais sur la base de sa collection personnelle, porteuse d'une histoire, d'un dialogue créatif entre artistes, d'un échange continu dans le temps entre les oeuvres qu'il possède et celles que lui-même a créées ; cette manifestation se présente in fine comme le témoignage vivant de cette permanence dans la création qu'Isou a cherchée toujours et tout le temps à susciter chez ses contemporains.
INSTITUT CULTUREL ROUMAIN DE PARIS : 1 rue de l'exposition 75007 PARIS ; la visite de l'exposition est hautement recommandée autant que la lecture du catalogue !

mardi 11 septembre 2007

ISIDORE ISOU A L'INSTITUT CULTUREL ROUMAIN DE PARIS

A l'initiative de François Poyet se tiendra du 13 septembre au 11 octobre une exposition, consacrée à Isou à l'Institut culturel Roumain (1 rue de l’exposition 75007 Paris), du 13 septembre au 11 octobre 2007. Le vernissage aura lieu le jeudi 13 septembre à partir de 20 heures.

Adresse du site de l’institut culturel roumain

http://www.icr.ro/filiale/index.php?cod_filiala=10

Les Cahiers saluent cette manifestation et feront un compte rendu de ce petit évènement qui rompt provisoirement le silence des institutions à l'égard du fondateur de l'avant-garde lettriste.

lundi 10 septembre 2007

CE(UX) QUI RESTE(NT)

Jean-François Bizot est mort : avec lui c'est un peu du gauchisme culturel qui s'en va (mais au fait qu'en restait-il vraiment ?), Actuel, Nova... c'est aussi l'infatigable défricheur de tous les underground qui s'est trouvé dépassé par le TOUT FESTIF dont il était devenu, au fil des années, à son coeur défendant le promoteur. Nous n'oublions pas que la revue Nova sur sa fin se trouvait suffisamment inspirée pour consacrer une petite place aux avant-gardistes, lettristes notamment. L'interview d'Isou par Bizot reste un grand moment de non compréhension réciproque où chacun des protagonistes parle sans doute d'un lieu inconnu de son interlocuteur... Si d'aventure quelqu'un pouvait la mettre en ligne... Je regarde derrière moi les étagères où s'accumulent dans le plus grand désordre les livres une fois lus : je relis les titres pour mieux les situer, le nom de leurs auteurs : Foucault, Derrida, le freudo-marxisme, la gauche prolétarienne, Deleuze, Tel Quel, Althusser... Que reste-t-il fatalement de tout cela qui en son temps FAISAIT ACTUALITE de manière indépassable ? Si peu, une nuance et un style pour les meilleurs ( Deleuze, vrai disciple de Nietzsche dont il renouvèle la lecture), un concept, une idée qui aujourd'hui encore fait sens, mais que dire des autres, de tous les autres qui appliquaient avec talent, sans une once d'originalité, la doxa du moment (structuraliste, prosituationniste, maoïste...) avant d'en changer, avec la même absence d'originalité, pour continuer à exister. Et je tombe sur les livres d'Isou et là, je suis quand même pris d'un sérieux vertige : ce n'est pas un mot ou une expression qui me vient en tête (comme la déconstruction chez Derrida ou l'habitus chez Bourdieu) mais une liste impressionnante de concepts tous justifiés en actes par des livres et des oeuvres : économie nucléaire, Hypergraphie, art infinitésimal, cadre supertemporel, excoordisme... formules et pratiques qui sans doute n'ont jamais FAIT ACTUALITE, au sens festif et récréatif du terme et pourtant elle continuent à jouer du côté de l'HISTOIRE et d'un PRINCIPE DE PLAISIR CREATIF trop souvent sous-estimé...